dimanche 8 novembre 2009

Les combats de Naruto

Je me suis intéressé aux graphes que l’on peut dessiner à partir de l’anime et du manga Naruto. Pour ce graphe, chaque personne est représenté par un sommet et chaque combat est représenté par un vecteur. La relation est symétrique, c’est à dire qu’il est indifférent de savoir si c’est Naruto qui se bat contre Sasuke ou Sasuke qui se bat contre Naruto.

J’ai retrouvé 176 combats : la liste ne comprend pas les combats de Naruto Shippunden; elle est donc à compléter. Mais elle est suffisante pour faire quelques observations.

1. les combats sont très souvent uniques. Il n’y a guère que quelques personnages qui s’opposent à plusieurs reprises.

2. Comme on pouvait s’y attendre Naruto et Sasuke sont ceux qui accumulent le plus de combats (21)

3. Naruto et Sasuke sont les personnes les plus proches du graphe.

4.Chouji et Sai sont les personnes les plus éloignées du graphe.

5. Le cœur du graphe est constitué de Naruto, Sasuke, Kabuto, Sai, Oroshimaru.

 

Les cartes avec Pajek : Energy Kamada-Kawai 

La carte des 176 combats est la suivante. La taille des sommets dépend du nombre des combats. En zoomant, vous verrez que le nom de certains protagonistes m’a échappé. Si vous pouvez aider ma mémoire défaillante, n’hésitez pas à laisser un commentaireNaruto fights network Pajek

 

 

Les cartes avec Pajek : Energy Kamada-Kawai 

Un aperçu du core k=4

Naruto fights network Pajek

 

Les cartes avec NodeXL  : Fruchterman-Reingold

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Les cartes avec NodeXL : Circle

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mercredi 28 octobre 2009

Gaara ou la dépression psychotique

Genre mineur d'un genre mineur, les mangas ont longtemps été méprisés. Pourtant, ils présentent finement sous un mode dramatisé les difficultés d'évolution ou des impasses psychopathologiques que chacun est à même de rencontrer

Voici Gaara, un des héros du manga Naruto. Il y fait une entrée remarquée : démarche lente, économie des gestes, une immense jarre attachée dans le dos, des grands yeux cernés de noir. C'est un de ces adolescents dont on sent immédiatement la dangerosité. D'ailleurs, il le dit lui même : il ne vit que pour tuer. Et il ne combat que pour lui. Les autres sont pour lui au mieux des futures victimes. Généralement, il n'éprouve pour le monde qu'indifférence. Il a pour lui arme redoutable. De sa jarre s'échappe du salble qui peut prendre toute les formes pour attaquer ses ennemis ou pour le protéger.

Gaara ne doit son existence qu' a l'ambition de son père qui en fait le porteur du démon sable. Sa naissance est pour sa mère une terrible épreuve. Avant de mourir, elle maudit le père de l'enfant et et donne à Gaara le conseil suivant : "n'aime que toi, ne te bats que pour toi". Craint pour le démon qu'il abrite, Gaara vit dans l'isolement. Son père prend peu à peu conscience de la menace qu'il fait planer sur le village et donne l'ordre de l'assassiner. Le groupe de tueurs comprend son oncle Yashmaru qui est le seul être humain ayant eu un peu d'empathie pour l'enfant son. Tous sont massacrés par Gaara qui, à partir de ce jour, applique à la lettre le voeu maternel. Il est alors élevé par sa tante materelle qui lui témoigne quelque affection. Elle aussi sera envoyée par le père de Gaara pour le tuer. Et elle aussi échouera. Mais avant de mourir, elle dit à Gaara toute la haine qu'elle éprouve pour lui, et laisse planer l'idée que sa mère le haïssait également. Gaara, de ce jour, ne se reconnaît aucun lien et aucun autre but que de tuer.

Après un combat homérique contre Naruto, Gaara changera et deviendra un des gardiens de son village natal.

On reconnaît là assez facilement une variante du mythe œdipien : un enfant exposé par son père lui survit et finit par se retourner contre lui ou ses représentants. Mais Gaara va bien plus loin qu'Oedipe car il met en scène des angoisses très prodondes :angoisse de chute sans fin, de liquéfaction, d'engloutissement, d'anéantissement, angoisse de ne plus être humain, de perdre des liens primordiaux, angoisse de ne pouvoir être touché par aucun sentiment ou idée, angoisse d'être enfermé dans sa propre personne.

Ces angoisses ne se retrouvent pas uniquement dans des des états très dégradés de la personnalité. On les rencontre également dans un état aussi banal que l'adolescence. Car, qu'est ce qu'être adolescent si ce n'est être soumis à l'exigence de changer tout en restant soi, de voir se modifier son corps, d'acquérir un nouveau pouvoir - celui de la procréation - qui change totalement ce que "aimer" veut dire ? Gaara illustre bien la situation d'un adolescent qui arrive a sortir des solutions défensives mutilante qu'il s'est construit du fait d'une succession de traumatismes. Ils sont ici réels mais ils pourraient tout aussi bien être imaginaires. C'est sans doute pour cela qu'il est un des personnages les plus apprécié de la série

dimanche 23 août 2009

Quelques thèmes du manga Naruto Uzumaki

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J'espère pouvoir sortir pour 2010 un livre sur Naruto Uzumaki. C'est en effet un manga explore des universels de la psychologie malgré un thème a priori banal : un enfant passe par des épreuves et traverse l' adolescence pour arriver à l'age d'homme.  Sur son chemin, il rencontre des figures tutélaires et d'autres plus funestes. A ce thème se mêle plusieurs autres, souvent donnés dans les arcs de l'anime. Ces histoires, qui peuvent sembler secondaires, apportent en fait des lumières sur la psychologie des personnages.

Plusieurs grands thèmes sont traités dans l'anime et dans le manga.

Un thème oedipien, avec les histoires de Naruto et de Gaara, l'une éclairant l'autre. Naruto réussit là ou Gaara, pour un temps, échoue. Malgré l'abandon qu'il a subit dans l'enfance, il a réussi à créer des liens avec d'autres enfants, et à éprouver des relations pleinement humaines. Il peut s'appuyer sur un mentor qui lui sert d'image idéale. L'Ermite Pervers peut d'autant plus facilement jouer ce rôle qu'il détient des éléments de l'histoire de Naruto

Le thème des secrets et de leurs effets sur les enfants est traité avec les figures de Naruto et de Gaara. L'un et l'autre sont des enfants-réceptacle. Dans l'anime et le manga, il leur occupant est un démon. Nous comprenons que nous pouvons être hantés durablement par les actes de ceux qui nous ont précédés. Les relations avec ce qui a été déposé en nous sont par ailleurs complexe : les secrets ne sont pas seulement des choses qui nous minent. Ce sont aussi des objets dont on peut paradoxalement tirer quelque force, réelle ou imaginaire.

Le thème des filiations est traité avec l'histoire du village de Konoha et de ses Hokage. La rupture dans l'ordre de numérotation des Hokage est évocatrice de l'impact dramatique des guerres : l'ordre symbolique est rompu. On retrouve ce fil avec la superposition des équipes Naruto, Sasuke, Sakura d'un coté et Oroschimaru, Jiraya et Tsunade de l'autre.

Le thème des groupes est traité avec les équipes de ninja. L'emboitement des histoires des différentes équipes a été cité plus haut. S'y ajoutent les rivalités classiques intrer et intra-groupes Toute la frérocité des relations fraternelles est donnée dans la relation compliquée qui existe entre Naruto et Sasuke. On retrouve également les thèmes de l'irruption de la sexualité dans les groupes, du don de soi pour la communauté et à l'inverse de la nécessité de préserver ce que l'on a d'unique. Le thème oedipien est repris puisque chaque groupe est dirigé par un ninja plus expérimenté. Les fantasmes ayant trait à la formation comme processus ambivalent qui forme et déforme sont donnés ici.

L'impact des traumatismes infantiles est traité pour tous les personnages principaux de la série : Naruto, qui se bat avec un secret, Sasuke aux prises avec une scène plus que traumatique et un désir de vengeance, Gaara fidèle à la prédiction maternelle aux prix d'une impossibilité de vivre un autre affect que la haine... les exemple de manquent pas. Ils sont si nombreux que les pouvoirs fantastiques de Ninja apparaissent comme des compensations de ces traumatismes. Pour le dire autrement, il faut les lire comme des symptôme de ces traumatisme

Le thème des transformations est omniprésent. Chaque ninja, par ses pouvoirs, nous donne a voir des transformations qui effrayent, nous fascinent ou nous émerveillent. En un sens, Naruto est avant tout une histoire sur l'image inconsciente du corps. On distingue en effet le schéma corporel - le corps dans sa réalité, avec ses branchements et ses innervations - et l'image du corps, qui est le corps perçu, consciemment et inconsciemment. Cette image du corps se construit dans les interaction que l'unité psyché-soma a avec l'environnement. Elle apparaît dans les rêves ou les productions imagées comme les mangas. Naruto semble s'en faire une spécialité : les corps ses gonflent, se déforment, se dédoublent, se reforment. Ils explosent, s'allongent ou rétrécissent. Ils ont des apparences qui peuvent être terrifiantes, a mi chemin entre l'homme et l'animal. L'intérieur des corps peut se donner lieu à quelques surprises : corps vides, gigognes, ou habités par un terrible démon. On a là quelques éxemples d'images du corps telles qu'elles peuvent être fantasmées dans la névroses et vécues dans la psychose : Gaara  est une parfaite illustration de l'autisme carapace décrit par F. Tustin; les visages sans nez ni bouche évoquent la perte du museau par arrachement décrit par G.Haag, les démembrement les angoisses de morcellement, les changements d'identité avec ou sans changement de forme correspondent aux deux fonctions de l'image du corps de G. Pankow, les réceptacles sont des illustration des cryptes de N. Abraham et M. Torok

Le thème des pactes et des alliances est traité avec la famille Hyuga dont les deux branches sont liées de façon mortifère : tous les membres de la seconde branche doivent être prets a donner leur vie pour ceux de la première. Et s'ils ne sont pas prets, cela n'a pas d'importance, puisqu'ils peuvent être sacrifiés sans que leur avis ne soit demandé.

Naruto condense les thèmes de l'enfant mal accueilli et du nourrisson savant (S. Ferenczi). C'est un enfant tout puissant qui doit apprendre a maîtriser les forces qui sont en lui et l'héritage qui lui a été légué.

L'environnement, par les destructions qu'il subit ou par ses lieux (grottes, ponts, chutes d'eau, rivières etc.) est un personnage important de la série. La nature de Naruto est profondément shintoiste. Elle est majestueuse, domine les humains par sa stature comme les visages des anciens hokage dominent Konoha. Elle est marquée par les combats des hommes - les arbres sont brisés, les forets se désertifient, des zones sont inondées - mais semble également être pourvue d'un pouvoir regénérateur infini. Finalement, elle ne garde aucune mémoire des activités humaines, et elle se referme toujours sur elle même.

On voit que les thèmes sont suffisamment nombreux pour que chaque lecteur trouve celui qui va entrer en résonance avec sa problématique du moment.

 

 

dimanche 12 avril 2009

Premières rencontres avec Naruto

Ma première rencontre avec Naruto a été décevante. Je me souviens d'un combats de personnes juchées sur d' énormes animaux : un crapaud, une limace, un serpent. L'anime n'a pas retenu mon attention. Une seconde rencontre a été plus marquante : des adolescents combattent dans une arène circulaire. Au sol, un tapis herbeux clairsemé. Je suis très impressionné par la puissance des coups échangés, et les marques que laissent les jeunes ninja dans le sol.

C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à m'intéresser l'histoire de Naruto Uzumaki. Je suis allé de surprise en surprise. Non seulement, l'anime et le manga me rappelaient les super-héros de mon enfance, mais j'y trouvais mis en images des éléments de psychologie individuelle : des traumatismes précoces, leurs élaborations, des dynamiques de groupes, des histoires transgénérationnelles.

Je découvrais également qu'avec certains de mes patients,  Naruto pouvait servir d'intermédiaire. Par exemple, sur le chemin qui le mène de la salle d'attente à mon bureau, un enfant fait le jutsu d'invocation de Gamabunta. Je lui fais remarquer qu'invoquer une créature aussi puissante pour un rendez-vous laisse  imaginer qu'il le juge assez dangereux. Il nie le danger, mais un lien entre le thérapeute et l'enfant est créé. Il permettra de parler de pouvoirs extraordinaires, d'invocations interdites et autorisées et de la difficulté de leur étude. Naruto servira ici de médiateur et permettra à l'enfant de parler métaphoriquement au thérapeute de ses difficultés d'apprentissages. 

Un autre enfant fera sa psychothérapie en bande dessinée en s'appuyant sur le symbiote de Spiderman  puis sur Dragon Ball puis enfin sur Naruto Uzumaki dont je découvrirai qu'il est un expert extraordinaire. Rien ne lui échappe, ni les bagues de l'Akatsuki, ni le nombre de queues du démon renard, ni les techniques complexes de Shikamaru. C'est d'ailleurs à ce dernier qu'il s'identifie : il vit dans un monde ou, pense-t-il, toute difficulté peut être résolue grâce à la force de la pensée pure.

Certains enfants ne peuvent pas faire usage de la métaphore. Ils sont davantage intéressés par les pouvoirs extraordinaires de Naruto. Il faut dire que le manga est de ce point de vue d'une grande richesse. Manipulation des éléments, invocation de créatures, changements de formes, contrôle du corps ou de l'esprit de l'autre... il semble qu'aucun fantasme ni aucune angoisse n'échappe à l'imagination de l'auteur.

Chacun, bien évidement, a son personnage préféré. Et bien évidement, ce choix est profondément lié à des positions inconscientes. Le type de pouvoir, sa forme, ses effets sur les autres et sur soi, la primauté donnée à l'attaque ou à la défense, parlent à chacun des parler des liens imaginaires et inconscients qui le relient aux autres et à soi.

Tout Naruto semble être une extraordinaire machine à raconter les voies de subjectivation dans leurs réussites comme dans leurs échecs. C'est là une invitation qui semble être faite pour un psychanalyste.